Covid-19 inter dépendances solidarité coopération et c'est terra...

Publié le par Le perché du grenier

Le temps c’est arrêté pour 900 millions d’humains.

Ils ne sont pas encore morts mais ils font face, comme moi, à la perte de ce qui définit le mieux notre espèce, le mouvement. Un humain qui n’est pas en mouvement et qui n’utilise pas tout ce dont sa nature l’a doté au fil des millénaires d’évolution va forcément avoir des problèmes. Car comme le démontre la synaptogénèse et la vie quotidienne, une pensée négative met 5 fois moins de temps à se déployer en nous car elle ne demande pas d’arborescence complexe à notre cerveau « moderne ». Eh bien oui, c’est comme pour se déplacer maintenant ça parait plus simple de construire une autoroute, mais ça laisse pas mal de petites choses sur le bas-côté. Je laisse à chacun l’opportunité des liens que cela lui fait faire…

Mais nous voilà à présent sommés d’arrêter individuellement nos flux et notre effervescence continuelle pour nous préserver collectivement d’un virus. C’est le temps où il ne faut pas penser qu’à nous et à nos « petites affaires » ou se croire au cinéma car le Covid-19 est un cas d’école. il s’agit de limiter nos mouvements pour rendre « slow » sa viralité. Car si on commence à avoir une idée assez précise sur son potentiel de propagation et le pourcentage de nos pertes, c’est l’incertitude concernant ses futures mutations. Bien sûr il aurait été plus moderne et plus efficace vis-à-vis du taux de mortalité actuel de tester massivement pour pouvoir isoler temporairement toustes les porteurs et les accompagner durant ce temps, mais pour cela il fallait anticiper et que ce ne soient pas les politiques qui aient la main mais plutôt les organismes sanitaires.

Car à la lecture de la situation actuelle, pas besoin d’avoir fait trop d’études pour savoir que plus on est en contact direct plus le risque augmente. Et par effet immédiat, quand tu n’as plus suffisamment de soignants et de lits « en état de fonctionnement » c’est un retour sur non -investissement assez direct qui peut se produire. Et toute l’éthique du monde ne suffira pas à combler la peine de perte de vies sacrifiées sur l’hôtel de l’égoïsme et des économies de profits.  Cela oblige et rappelle que l’hôpital publique est déjà bien malade mais doit quand même continuer à s’occuper aussi de tout le reste…  Et le reste, détails de l’histoire, ceux qui s’intéressent aux passés pas simples ont une idée très claire sur le sort qui sera réservé aux plus vulnérables. Cette fois encore ce sont des masques qui cachent une forêt de présomptueux en tout genre. Il nous faut donc les mettre pour nous en sortir ou nous retirer un temps de la scène publique pour offrir une longueur d’avance aux chercheurs, aux soignants et aux autres malades. Tous ceux qui sont les oubliés d’une idéologie néo libéral effrénée qui met toujours au-dessus de toute valeur humaine, l’admiration du gain et de la possession. Choses sur quoi, vu la conjoncture mondiale actuelle on peut émettre quelques réserves !

Parce qu’en parlant de réserve, être solidaire des autres et coopérer, c’est avoir et faire confiance à cette longueur d’avance qu’il faut garder face à l’emballement de cette pandémie. L’expérience montre toujours qu’il vaut mieux se tromper et rendre des comptes, que de compter les morts et voir un système vivant se déséquilibrer, vu que les effets sont toujours plus dévastateurs sur le long terme. Les « petits chinois » avaient bien compris la première leçon et ont fait ce qu’il fallait comme ils savent le faire. Mais on les a pris pour asiatiques, alors que par essence il y a similitude en l’’espèce mais ça c’est plus long à se mondialiser.

Pourtant vous pouvez demander aux très vieux européens, certains se rappellent encore de la grippe espagnole et de la création de l’OMS pour refaire une santé à l’humanité dont nous jouissons depuis 70 ans. Et n’oubliez pas de demander à l’environnement et au climat, ils vous diront le reste, voir vous parleront du manque à garder… Et pour les fables allez donc voir les capitalistes libéraux, bien silencieusement dans l’attente spacieuse d’une nouvelle niche économique qui ne manquera pas de faire suite à cette crise. En tous les cas pour ce qui concerne le ruissellement de l’enrichissement dont nous parlent les capitalistes, la plupart des peuples attendent encore.  En attendant ils continuent à subir graduellement celui des dérèglements liés à l’asservissement et l’exploitation du vivant. Et comme tout est lié, l’entrave est, elle, naturellement sociétale, sociale et sanitaire. Malgré tout il faut bien reconnaître que certains sont encore très attaché à ce modèle, voir sidéré ou envieux de la place conférée à ceux qui s’affichent et sont les icônes mais surtout les artifices de la « réussite ».

C’est peut-être en refusant la soumission et toute adhésion à cette violence silencieuse qui tue par effet de rebond que nos mouvements de non- violence et de bienveillance pourront le mieux s’exprimer collectivement et faire un beau pied de nez à cette course effrénée vers un profit personnel pour regarder avec un peu plus de lucidité ce qui se passe ici et maintenant. Les plus sages, les plus lucides mais surtout les plus avertis s’accordent à dire qu’il faut ralentir la croissance, mais quand il s’agit de s’y coller c’est tout autre. Question de survie économique et autres dénis à la portée de toustes. À l’échelle de nos vies, c’est encore bien trop court tout ça, il y a de quoi être inventif, mais surtout c’est là que l’insoumission devient vitale.  Car la gestion guerrière de cette crise du covid-19 fait persister notre rapport au « vivant » dans une mise en danger qui viendrait de l’extérieur et qui serait « par nature » lié au vivant.

Alors qu’il ne faut pas en douter, le plus grand danger actuel pour nous vient bien de l’intérieur, de notre relation à ce qui tient et nous contient. Progrès faisant, depuis deux siècles l’humanité s’est globalement coupée de son environnement originel et l’a asservie, pour diverses raisons tout à fait justifiables au départ mais in-finé pour continuer à tirer profits de la nature, jouir de ses plaisirs tout se préservant de ses risques.

Nos comportements déraisonnables et notre incapacité à faire avec ce qui nous entoure sans le modifier ou l’altérer durablement, rendent effectifs à présent le fait que notre environnement est de plus en plus en mouvement. Les êtres vivants qui composent tous ces éco systèmes qui fondent la diversité du vivant, sont sommés de s’adapter aux changements que nous lui imposons sous peine de disparaître. On ne peut pas demander à la diversité biologique de s’éteindre silencieusement, sans au passage, elle aussi s’accrocher à la vie. Le covid-19 n’échappe pas à la règle. Chauve-souris, pangolin, humain, peu importe l’hôte, seule compte la fonction, évoluer vers une forme pour s’adapter et survivre.

Alors pour ce qui concerne les théories du complot je les mets dans le même panier que les étatismes politiques, idéologiques et raciaux, des formes parfois tout autant agressives du repli et de la peur. Croire ou faire croire que c’est de la faute de l’autre ou que si l’on fait ceci et cela l’on va pouvoir maîtriser ce qui nous dépasse c’est juste un pavé de plus sur le mur voir sur la gueule d’un autre. Et oui ce n’est jamais simple de lâcher prise et d’aller vers ce que l’on méconnaît. Réapprendre encore et en corps à « faire ensemble », à collaborer voire coopérer pour construire un avenir envisageable par le plus grand nombre et qui prendrait en compte les équilibres fondamentaux auxquels nous sommes essentiellement toustes reliées. Rien que le dire est un exercice difficile mais tellement nécessaire !

Confinés nous le sommes déjà, de par notre condition, c’est plus originel qu’original. Pas de réelles et durables échappatoires nous sommes dans un monde clos et limité. Et sa rondeur devrait nous rappeler que tout ce qui y vit en fait vite le tour, y est plus ou moins relié et que la précarité, le changement et l’adaptation y sont les fondamentaux. Ce n’est plus une erreur mais une faute que de continuer à penser la vie dans l’écart, en fragmentant et en aliénant ce qu’elle sous-tend d’admiration, de respect et d’amour pour le vivant. En nous pensant au-dessus de tout, que nous pouvons continuer à nous isoler du « reste », cela ne peut que chauffer toujours plus et plus vite pour notre climat humain et planétaire.

Alors étant dit qu’avant toute collaboration ou coopération, préalablement on fait connaissance, allons donc tranquillement à la rencontre de ce virus qui lui aussi lutte pour sa survie. Et pour le faire revenons à celle qui est la nôtre, des êtres vivants sociaux qui savent aussi résoudre des problèmes ensemble, mais qui, pour le faire, doivent constamment réapprendre à être et à se faire confiance collectivement pour surmonter la myriade de ceux qu’ils se sont créés. Telle est notre condition, humaine.

Cela étant dit il ne s’agit donc pas tant pour moi de faire la peau au Covid-19 ou d’en être victime, mais de continuer à m’inscrire dans une arborescence de vie. Plutôt que de reprocher au vivant d’être à sa place, rapprochons-nous de celle qui est vraiment la nôtre.

 En nous libérant un temps de ces contingences productivistes, ce confinement c’est une occasion ouverte sur d’autres alternatives sociales, politiques et économiques, lieux où une somme de changements radicalement bénéfiques pourront émerger. L'interdépendance ne se décrète pas elle se cultive, alors tenez-vous en bonne santé, reflétez votre humanité, mettez pensées et actes en accord avec vous et avec ce qui renforce la communauté humaine par le détail de ses diversités actives et créatrices.

Personnellement je respecte mes peurs et je garde mes distances avec l'autre mais surtout pas avec ce qui nous relie. Je suis dans l’attente proactive qui doit toustes nous tenir animée. Soyons solidaires dans cette période temporaire de confinement où l’humilité, le vertueux et le respectueux ne seront pas toujours la règle. Soyons enthousiasmes, socialement créatifs et adaptons-nous, c’est dans notre nature et par essence le moteur de la vie sur terre.

Nous sommes toustes des acteurs de quelque chose et les solutions émergent souvent là où on ne les attendait pas. Les plus harmonieuses ne viennent pas toutes seules elles sont « en portées », c’est une musicalité et une ode à la vie que cette nouvelle partition qu’il nous faut écrire ensemble. Ne serais-ce que par respect pour ceux qui seront emportés.

Gabriel écolocaterre permanent, confiné en Ardèche  !

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